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Séance de foodplay

Hong-Kong, Mars 2017

J’avais un peu échangé par mail avec R., que je pensais être un expatrié, en raison de son nom. Je n’étais pas pressée de le rencontrer, car étant en contact avec lui depuis plusieurs jours, j’avais remarqué qu’il était très en demande, et je craignais d’avoir affaire à ce type de soumis dominant ou trop à l’écoute de ses propres pulsions au détriment de l’échange. Néanmoins, j’y suis allée par curiosité. J’avais aussi peu manifesté mon envie de participer à son fantasme de jeux outdoor, ne connaissant pas encore ce soumis ni les limites qui le concernent.


Nous avions conclu un rendez-vous un mercredi de Mars à l’heure du goûter dans un hôtel à Central. Au menu de la séance, quelques pratiques pour lesquelles nous partagions l’engouement : golden shower, foodplay et éventuellement shaving. Je ne l’ai finalement pas rasé, pour une excellente raison : le reste de la séance suffisait largement à mon amusement.


Je m’attendais donc à trouver un expatrié, mais c’est un jeune homme asiatique qui m’a ouvert la porte de la chambre. Je ne sais s’il a lu la surprise sur mon visage. Il m’a dit avoir grandi au Canada, à Toronto, et être revenu ensuite à HK. Ses 39 ans en paraissaient bien dix de moins. Au cours d’une discussion préalable, alors que les jeux outdoor revenaient dans ses propos, j’ai donné mon accord de principe sur une séance en extérieur, sentant à son énergie positive que cela pourrait être drôle. Il a été conclu que nous nous attellerons à cette tâche à mon retour de GuangZhou, quelques jours plus tard. Il semblait y tenir. L’idée de jouer en extérieur paraissait l’exciter au plus haut point, je sentais cependant une frayeur certaine l’animer déjà, particulièrement quant à l’attitude de possibles témoins de nos bêtises ; d’après lui le conservatisme de certains hong-kongais aurait raison de nos jeux d’enfants pervers et nous pourrions avoir de sérieux ennuis. Il semblait se plaire à jouer l’attaque et la défense dans un match amical entre sa passion et sa raison. Devant mon air peu convaincu, il a répété les risques, puis son envie. J’ai conclu que nous pourrions toujours improviser une fois sur place, sans chercher à réaliser un enchaînement de pratiques qui ne ferait que nuire au bon déroulement du jeu, dont le caractère interdit et risqué se prête très bien à cette idée.


Comme prévu pour la séance de foodplay, R. avait apporté quelques petits gâteaux à manger, ou pour être exacte, à mâcher et recracher sur lui. Une banane, deux parts de gâteaux ainsi qu’une glace.


J’ai attaché ses mains dans le dos avec mes menottes de cuir, avant de le jeter sur le lit sans ménagement. A califourchon sur lui, j’ai entrepris de déchirer brutalement son tee-shirt et de fourrer dans sa bouche les morceaux de tissus qui s’accumulaient dans mon poing. Son visage d’éphèbe agrémenté de surprise et de frayeur était superbe à voir, malgré l’accord préalable que nous avions passé sur la mise en pièce de ses habits. Je lui ai demandé si je pouvais le photographier, ce qui – chose rare – a été accepté, sans publication aucune, évidemment. Il est drôle de me souvenir précisément de ce visage et de cet instant, alors que je perdrai peu après mon téléphone dans l’avion depuis Shanghai, et avec lui toutes les données des jours précédents. La caméra étant de bonne qualité, j’avais vraiment apprécié certains portraits et scènes de séance bdsm pris sur le vif.


J’ai attrapé le pot de glace, plongé une premier cuiller et entrepris de mâcher les morceaux puis de les recracher avec force sur son visage, consciencieusement. Une fois le visage bien recouvert – la bouche, le nez et les yeux, pas encore dans les cheveux qu’il avait par ailleurs assez beaux – j’ai baissé son pantalon sur ses genoux avec autorité alors qu’il était encore à moitié allongé sur le lit. Ce geste que j’exécute habituellement durant une séance de discipline, de punition corporelle, m’a plu : j’avais l’impression d’être sur le point d’agresser sexuellement un jeune éphèbe au visage tellement innocent… Le bdsm permet d’assouvir certains fantasmes dans un cadre… bienveillant, ou tout simplement de prendre conscience de ces penchants enfouis. Une fois debout, mes pieds de part et d’autre de son torse, j’ai craché et réparti d’autres morceaux de glace sur son plexus. Le lit a très vite ressemblé à une chambre d’enfant turbulent, jonché de vêtements déchirés, de glace écrasée et bientôt de gâteau au citron. J’ai lancé des morceaux de ce dernier sur le sol, comme j’aurais nourri un chien sauvage, si ce n’est que ce chien avait les mains attachées dans le dos, des lambeaux de vêtements tristement rattachés à certains endroits du corps, lesquels étaient déjà colorés de glace. Il ne semblait pas heureux de ramper au sol, pantalon sur les chevilles.


Je lui intimais ensuite de ramper jusqu’à la douche et de s’y allonger sur le dos, tandis que, debout, j’écartais les jambes au dessus de lui. « Ouvre la bouche et avale ! » Il me confia après coup que c’était la première fois qu’il buvait de la sorte, ce qui m’a étonnée vu la facilité avec laquelle il a exécuté mon ordre. J’ai pris d’autres photos sous la douche, je le trouvais vraiment beau, ses cheveux noirs de jais, son regard doux et ses mains, incroyables : extrêmement fines, plus longues et gracieuses que celles d’une femme, j’aurais du les photographier mais je me suis laissée happer par le plaisir d’immortaliser ce visage qui me fixait sans sourciller.


J’ai ensuite profité de ce mélange hasardeux de matières jonchant le bac de douche – en réalité sans délimitation avec le reste de la salle de bain, ce qui accentuait le côté bordélique – pour m’emparer de la banane et écraser des morceaux sur sa peau avec mes pieds. Puis j’ai fourré mes orteils dans sa bouche, qu’il a avalé et lappé consciencieusement. Je ne savais plus si j’avais affaire à un jeune esclave livré à mes jeux pervers, ou à un chien loyal et obéissant.


Instant hors du temps, hors de tout, comme seul le bdsm peut le permettre : nous avons alors repris le fil de nos fantasmes, de nos expériences passées, alors que je me tenais toujours au-dessus de lui, alternant la proximité de mes orteils devant son visage, qu’il léchait avec attention. J’ai apprécié sa perception du bdsm : sa première fois avait eu lieu à Toronto, une amie lui avait donné rendez-vous dans un bar bdsm. Il ignorait ce dernier point. C’était en réalité un guet-apens : trois à quatre femmes, probablement habituées du lieu et connaissances de son amie l’avaient attaché et avaient arraché ses vêtements jusqu’à ce qu’il soit nu devant elles. A ma question, il répondit qu’il n’avait pas su, à ce moment, s’il aimait cela. C’est une fois l’action accomplie et « digérée » qu’il a souhaité connaître de nouveau ce genre d’expérience – et a bien dû reconnaître qu’il faisait partie de ces joueurs « bdsm ».


Après sa douche, j’ai mis en place ce petit jeu que je me plais parfois à ajouter en fin de séance, avec toutes les variantes imaginables. Devant un carré de papier toilette, à genoux, il a du jouir en respectant le chrono indiqué par les dés que je conservais alors toujours dans mon sac : trois minutes exactes et pas une goutte hors du carré de papier. J’ai attaché ses pouces frêles et longilignes afin de rendre la tache un peu plus ardue. Après une minute, je n’ai pu me retenir d’éclater de rire : sa jouissance avait insolemment snobé le carré de papier de plusieurs dizaines de centimètres. Il semblait étonné et déçu de n’avoir pu respecter les contraintes malgré lui : il croyait réellement avoir atteint le bon timing.


Nous avons décidé de nous revoir pour cette fameuse séance outdoor à mon retour de GuangZhou. Entre-temps, je perds mon téléphone dans l’avion de Shanghai, et avec lui tous mes contacts et surtout mon numéro de téléphone. Je ne l’ai jamais revu.



Crédit illustration : Namio Harukawa

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